Quelles cryptos privilégier en cas de crise ?

Dans un contexte de crises systémiques — qu’elles soient économiques, politiques ou technologiques — certaines cryptomonnaies peuvent offrir une véritable bouée de sauvetage à ceux qui souhaitent protéger leur patrimoine ou continuer à échanger sans passer par les structures financières classiques. Mais toutes les cryptos ne se valent pas. Il est essentiel de comprendre quels actifs numériques offrent la meilleure résilience et pourquoi.

1. Les critères d’une cryptomonnaie « de crise »

Pour sélectionner les cryptomonnaies à privilégier en cas de crise, il convient d’évaluer plusieurs critères :

• Robustesse technique : le réseau doit être suffisamment décentralisé, résistant aux censures, et opérationnel même en cas de restriction d’accès ou d’attaque.
• Adoption mondiale : plus la monnaie est acceptée, plus elle sera facile à échanger ou utiliser dans différentes régions du monde.
• Liquidité : un volume d’échange élevé permet d’acheter ou de vendre rapidement, même dans des moments de tension sur les marchés.
• Capacité à fonctionner hors réseau : certains projets permettent des transactions par radio, satellite ou même QR code, indépendamment d’un accès Internet classique.

2. Le Bitcoin (BTC), l’incontournable

Le Bitcoin est sans conteste la cryptomonnaie la plus résiliente. Créé en 2009 pour justement répondre aux failles du système bancaire, il incarne la promesse d’une monnaie apolitique, non inflationniste, résistante à la censure. Sa rareté (21 millions d’unités au maximum) en fait une réserve de valeur reconnue, souvent comparée à l’or numérique.

Son réseau ultra-décentralisé et sa compatibilité avec des systèmes de synchronisation hors ligne, comme Blockstream Satellite, en font une solution utilisable même en cas de coupure Internet.

De plus, son adoption est globale : des commerçants, des particuliers, mais aussi certains gouvernements (comme le Salvador) l’ont intégré à leur économie. Sa résilience en période de crise a été largement démontrée, notamment lors des épisodes d’hyperinflation au Venezuela ou au Liban.

3. Monero (XMR), pour la confidentialité

En situation de crise, la discrétion devient un avantage stratégique. Monero est la cryptomonnaie de référence pour les transactions anonymes. Contrairement au Bitcoin, dont les transactions sont publiques et traçables, Monero intègre nativement des technologies de confidentialité comme les signatures en anneau ou les adresses furtives.

Dans un scénario où l’État surveille les échanges ou impose des restrictions de capitaux, Monero devient un outil précieux. Sa communauté reste active malgré les nombreuses tentatives de censure ou de déréférencement sur les plateformes d’échange traditionnelles. Il s’agit d’un atout à ne pas négliger dans une logique de « cash numérique discret ».

4. Les stablecoins : une fausse bonne idée ?

Les stablecoins (comme USDT, USDC ou DAI) sont des cryptos adossées à des monnaies fiat (généralement le dollar), conçues pour éviter la volatilité. Leur utilité est indéniable en période de transition ou pour des échanges rapides sans subir les fluctuations de prix. Cependant, ils présentent une dépendance forte au système bancaire traditionnel (réserves en banque, régulation, gel de comptes).

Ils peuvent donc être utiles dans certaines phases, mais ne doivent pas être considérés comme un actif de résilience de long terme. Un excellent article du CoinDesk explique très bien les limites structurelles de ces actifs.

5. D’autres projets à surveiller

• Litecoin (LTC) : basé sur le code de Bitcoin mais plus rapide, il est souvent accepté dans les mêmes contextes que BTC. Il peut servir d’alternative légère et facilement échangeable.
• Dash : historiquement populaire dans les pays en crise, comme le Venezuela, en raison de sa rapidité et de son intégration dans de nombreux systèmes de paiement locaux.
• Ethereum (ETH) : bien qu’il soit plus complexe, Ethereum permet de nombreuses applications décentralisées. Il reste très liquide et largement adopté.

Ces projets ne sont pas aussi « antifragiles » que Bitcoin ou Monero, mais ils peuvent jouer un rôle tactique dans une stratégie de résilience numérique selon les scénarios envisagés.

6. Éviter certains pièges

En période de crise, la tentation est grande de miser sur des tokens « tendance » ou à fort potentiel spéculatif. Il faut au contraire privilégier la sécurité, la robustesse et la capacité à réellement échanger les actifs, plutôt que leur potentiel de croissance rapide. Les jetons peu liquides ou uniquement disponibles sur des plateformes centralisées sont à proscrire.

De même, il est important de conserver ses actifs hors des plateformes d’échange. Nous reviendrons dans un article dédié sur les différentes solutions de stockage (portefeuille matériel, sauvegarde hors ligne, etc.).

Conclusion

Intégrer des cryptomonnaies dans une stratégie de résilience ne signifie pas spéculer sur leur valeur, mais se doter d’outils réellement utilisables en cas de crise. Le Bitcoin et Monero apparaissent aujourd’hui comme les piliers d’une telle stratégie : l’un pour sa robustesse, l’autre pour sa confidentialité. À condition de bien comprendre leur fonctionnement, leur utilisation hors réseau, et les moyens de les conserver en toute sécurité.